'Chemins à travers tableaux I' - 130x130
Huile sur toile 1977 - Collection privée
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... Comme Victor CUPSA, dans un tout autre ordre d'images, de la Tradition roumaine,
ou dace.
Dans l'esprit plutôt que dans les thèmes, Cupsa invente les siens. Ils s'imposent à lui,
et s'ils sont bien peints c'est parce que c'est normal qu'ils
le soient. « J'exige que les rêves qu'on me fait lire soient écrits en bon français »,
proclamait Aragon il y a juste cinquante ans. Les rêves de Cupsa, terriblement éveillés,
respectent plastiquement cette exigence. L'auteur dit ce qu'il faut qu'il dise, sous forme d'allégories, toutes plongées dans une lumière
glaciale.
Il intitule Raison d'immobilité un navire à deux poupes dont la voilure, par moitiés,
est gonflée par des vents soufflant en sens contraire. Il se crucifie lui-même
- Yalta - aux pointes de la couronne de la statue de la Liberté. Une série
d'échelles aide l'escalade A travers tableaux : le thème de la course, en
haute montagne, d'ailleurs, le hante. Comme celui des masques peu à peu décollés
des visages... Codes d'un système qui n'est pas gratuit, que le peintre cherche à traduire à son
corps défendant, résolument seul, en marge de tout mouvement. S'il fallait
le classer à tout prix, on le rangerait chez les para-surréalistes. Pure
question de formalisme.
Jean-Marie Dunoyer
Le Monde 12-13 mars 1978
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'Raison d'immobilité' - 130x130 Huile sur toile 1977 Collection privée
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Peut-on embarquer Cupsa sur le même
bateau ? On hésite. Le peintre roumain est infiniment plus proche,
comme plusieurs critiques l’ont souligné, du Grand Jeu, de
René Daumal et Roger Gilbert-Lecomte que de l'orthodoxie de Breton.
Cupsa me semble manifestement inspiré et sa mythologie, où les
règnes se confondent, où les symboles se chevauchent, où la
métaphysique se mélange à l'érotisme, n'a rien
de gratuit. Et quelle fertilité dans l'invention ! Comme ses thèmes
se sont multipliés depuis l'exposition du Triskèle qui m'avait
séduit, il y a tout juste deux ans. Les qualités formelles
d'une figuration impeccable et rigoureuse, à l'aise en des formes
de plus en plus vastes, transportent le spectateur en plein rêve, dans un
rêve éveillé, dirigé.
Jean-Marie DUNOYER Le Monde 13-14 avril 1980
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'Chaleurs' - 130x89 Huile sur toile
1974 - Collection privée |
'Sanstitre 2' - Huile sur toile 1974 Collection privée |
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'Le voyage de Lohengrin' - 130x97 Huile sur toile 1972 Collection privée |
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Art sans pitié. Sensibilité froide : mais n'est-ce pas un
réflexe de défense ? Retourner la violence du calme... Ainsi Victor Cupsa
(Galerie Pierre Lescot) qui nous propose des façons d'allégories pour notre
Histoire, qui serait celle de l'impossible effort, titre d'une toile où apparaît
un trois-mâts fantôme scellé dans les faux icebergs d'un océan
contenu par une oppressante paroi — l'enfermement étant l'obsession majeure
de Cupsa, lui aussi.
Le froid est un regard acéré, la sensibilité froide est chirurgienne.
Cupsa peint au scalpel, je veux dire son fin pinceau de martre. Amateur de haute-fidélité,
c'est la précision peut-être désespérée (car elle n'est
qu'un fantasme de plus) qui est sa manière. Il travaille en quelque sorte sous vide,
en milieu aseptique, et dans une atmosphère raréfiée : il peint cette
parfaite transparence, qui ne peut être que mentale, et qui fut celle des Flamands,
de Durer-le-Saturnien (Wunderlich n'est pas moins fasciné par le Maître de Nuremberg)...
J.-C. LAMBERT Art press juin 1980
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